Une histoire racontée en trois mouvements, deux temps. En autant de temps qu'il n'en faut.
Il y a longtemps, au début du temps, c'est l'acte Un, un comme unique. C'est l'instant magique, celui qui nous enchante. L'arbre et le tigre, sont mes égaux dans une démocratie cosmique où le temps de vivre ne tient qu'à un fil tissé de mains expertes.
Abracarba, je change de temps, il pleut Le tambour du chaman bat encore dans mes veines. Pouce! Dans un instant de vie, un soupir, le septième ciel siffle le hors-temps.
Roulements de tambours, rythmes dorés et sphères célestes, le rideau se déchire sur l'acte Deux. Unplusunégaledeux.
Deux quoi? Jusqu'alors, l'homme était un, maintenant on peut l' additionner? Pourquoi pleurer alors sur sa division? Las, la flèche de Zénon d'Ellée est tirée. Sa vitesse n'a d'égale que la distance brusquement infinie qu'elle parcourt, s'immobilisant ainsi dans les limites d'un temps fractionné. La linéarité est née.
C'est le temps des projectiles. Je dois penser à prendre mon parapluie.
Silencieusement, à pas comptés, dans une salle obscurcie par les retombées des trop nombreuses divisions arithmétiques, se profile l'acte Trois.
L'avantage de trois, c'est qu'il y en a toujours un qui n'est pas d'accord! Sacré un, content de te revoir! Cette fois, les divisions par trois deviennent complexes.
Les arithmathématiciens s'énervent, c'est le chaos! Du jamais vu, c'est presque irréel. Pardon, je voulais dire virtuel! La clef des songes en matrices Booléennes.
Alors? C'est loin chez toi? Oui, j'habite chez une copine, à quelques temps d'ici!
Un toit, un mur, c `est se protéger du temps qu'il fait. Ce temps des saisons qui fait mourir le soleil un petit peu chaque soir. Un toit, un mur, c'est inventer l'espace-temps, nouer cette aiguillette comme pour les jumeaux de Langevin. Lui donner ce parfum d'immortalité que nous nommons paradis.
Quatre saisons contre cinq sens. Qui va l'emporter?
J'entends encore miauler le chat dans la boite. Einstein est un sale gamin qui devrait laisser les chats tranquille. Il s'excuse en racontant que s'il ne voit pas le chat, c'est que le matou est dans les limbes du temps! Alors? Voir c'est créer du temps? Le paysage que je regarde n'a d'existence que dans ma contemplation? Je vois donc j'existe?
Devinette: est-ce que je peux penser sans voir? Mentale l'image? Peut-être que les anthropologues ont raison. Deux visions pour un individu. Le voir dynamique du parcours. Savant et mesurable, rythmé en séquences dignes parfois de Méliés.
Le 24 images/secondes générant des flots de pellicule. Pardon, je voulais dire flux!
Le projectile temporel y frétille d'aise, c'est sa chasse gardée.
Et puis, le voir contemplatif, celui du regard immobile mais perçant. Celui qui regarde en-dedans à défaut d'au-delà. Celui qui triche avec le temps. Celui qui perdure dans ces architectures qui défient le temps, de celles qui nous rendent immortels.
Bienvenue Un, tu sais, c'est bientôt le temps des cerises...
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